9 octobre 2012

[09.10.12] JYJ - Un groupe K-Pop sous menaces (article écrit par un compositeur américain)

SM Entertainment essaie de condamner un groupe rebel à l’oubli

Le groupe pop sud-coréen JYJ est arrivé sur la scène musicale du pays en 2004, comme trois des cinq membres groupe DBSK qui faisait de la pop. Ils sont vite devenus ce que les observateurs appellent – et de loin – le groupe le plus populaire et le plus vendeur que SM Entertainment ait jamais créé, générant de nombreux millions de dollars pour l’entreprise de management en seulement cinq ans.

Cependant, aujourd’hui, les chanteurs Kim Jaejoong, Park Yuchun et Kim Junsu restent enchaînés par une justice qui favorise les puissants, après que le trio ait essayé de rompre le contrat de 13 ans qu’ils avaient signé en tant qu’adolescents mineurs au début de leur carrière. C’était un contrat qui les a fait travailler jusqu’à l’épuisement, et ne les payait qu’une fraction de l’argent qu’ils rapportaient, ne tenait pas compte des droits d’auteurs, et ne laissait que peu de place pour une renégociation malgré sa durée de plus d’une décennie. Le groupe a porté plainte pour être libérés, et le tribunal a accepté. Le contrat a, depuis, été déclaré invalide par le tribunal, car il est trop en faveur de SM. Mais ça ne s’est pas terminé là.

SM Entertainment est la plus grande des trois principales agences de management d’artistes en Corée. Elle a affronté de nombreuses critiques qui reposent sur ses « contrats d’esclaves » qui lient les artistes à leur agence pour au moins dix ans, sans porte de sortie. Elle a produit entre autres Girls’ Generation, Kangta, BoA, Super Junior et beaucoup d’autres. Les observateurs, cependant, les accusent d’agir presque comme une secte.

Et les critiques disent que l’entreprise travaille avec autant d’acharnement pour créer les stars de la pop que pour détruire la carrière de ceux qui essayent d’échapper à leurs contrats. Il est reconnu que JYJ sert d’exemple à cette ligne d’attaque. Les trois membres disent eux-mêmes avoir demander à l’entreprise de management une déclaration de royalties reflétant avec exactitude les revenus qu’ils ont généré pour elle après avoir atteint la célébrité et rencontré le succès, et d’enfin recevoir une part équitable. Parmi d’autres points du contrat désormais invalide signé lorsqu’ils étaient adolescents, figure le fait qu’ils devraient payer à l’entreprise entre 400 et 480 millions de dollars s’ils la quittaient avant la fin du contrat.

L’invalidation du contrat ne sonne pas la fin de leurs problèmes judiciaires. Le 13 septembre, le Tribunal du District de Séoul a reporté à une date indéterminée le rendement de son verdict final, en faveur d’une conciliation obligatoire. Les chaînes de télé sud-coréennes se sont accordées pour maintenir le blocage « jusqu’à ce qu’un verdict soit rendu dans le procès », et ce malgré le fait que le tribunal ait déclaré il y a deux ans que les actions de SME étaient illégales et punissables d’une amende. Mais aussi longtemps que SM continue de faire obstruction, refusant de faire évoluer les négociations concernant l’argent qu’ils doivent à JYJ, il n’y aura pas d’issue au procès. Et l’interdiction concernant les JYJ sera maintenue indéfiniment.

Comme Asia Sentinel l’a reporté en janvier 2011 dans une histoire concernant le groupe « lollipop » de SM Entertainment, Girls’ Generation, la scène de la pop sud-coréenne est unique au monde. Avec le même soin que pour produire des voitures, des télévisions, des containers et des machines à laver, la Corée du Sud utilise les mêmes techniques pour produire des stars de la pop. Elle se repose sur une préparation intensive eu une attention servile portée aux détails, un business model appelé « technologie culturelle » qui a emmené les célébrités du pays bien au delà de ses frontières, alors même que le genre soit décrit par les critiques musicaux comme ce qui ressemble à un moule à gâteaux pour les groupes pop, laissant à désirer sur les plans musicaux et artistiques.

Quand les trois membres ont décidé de se mettre en route seuls malgré les menaces de SM, ils sont partis avec presque rien d’autre que leurs habits. L’entreprise était propriétaire de tout ce qu’ils pensaient leur appartenir, y compris les appareils d’enregistrement et les cassettes sur lesquelles étaient écrites leurs nouvelles composition non diffusées/sorties, ainsi que les cadeaux que les fans leurs avaient offerts.

Selon les initiés, la SM fait appel à de nombreuses entreprises du divertissement, parmi lesquelles leurs chaînes de télé alliées et d’autres organisations officielles, pour contrôler les jeunes artistes. Par exemple, en janvier 2011, la Korea Entertainment Producers Association (Association des Producteurs de Divertissement de Corée) a fait signer à ses membres une déclaration disant que « Su le verdict est rendu en faveur du trio qui ont demandé une injonction ainsi qu’un procès, de nombreuses célébrités abuseront des résultats pour porter plainte contre leurs agences respectives, sans tenir compte du fait que l’injonction initiale ait été demandée par le trio dans le simple but d’obtenir des profits financiers individuels en abusant de la pré-conception erronée que le public a des contrats d’esclaves.”

Du moment où ils ont porté plainte jusqu’à la fin de l’année 2009, les trois membres disent avoir rempli tous les contrats que la SM avait signé pour eux. La dernière prestation avec les deux membres de leur ancien groupe, Jung Yunho, et Shin Changmin, était lors d’une performance de fin d’année au Japon.

Suite à cela, les difficultés de tous ordres ont commencé à arriver. La bande-son pour le drama coréen très populaire SungKungKwan Scandal, avec Park Yuchun, a été largement bloquée par les distributeurs. Les interviews télévisées avec le chanteur-acteur ont été annulées et alors même qu’il a reçu le prix de meilleur acteur débutant aux KBS Drama Awards, il n’a mystérieusement jamais été mentionné ou montré dans le moindre programme de divertissement à la télévision ventant les mérites du drama ou son succès, y compris sur KBS.

Baek Chang Joo, le président de la nouvelle agence de management des JYJ, a dit l’an dernier que tout ce que l’agence a essayé de faire pour promouvoir JYJ prend quatre plus de temps parce que ils sont ralentis, annulés et bloqués partout où ils vont.

SM a demandé en vain une injonction pour empêcher le trio de sortir son nouvel album anglophone “The Beginning,” et envoyé une lettre à Warner Music leur demandant de ne pas le distribuer. Le 13 octobre 2010, il a été annoncé que la Fédération Coréenne pour la Culture Populaire et l’Industrie Artistique (Korean Federation of Pop Culture and Art Industry) a demandé à trois chaînes de télé principales, aux chaînes câblées, aux maisons d’enregistrement, aux distributeurs, à la presse et d’autres organisations similaires de ne pas les engager pour des apparitions télévisés et de ne pas travailler avec eux.

Lorsque les média sud-coréens l’ont rapporté, la fédération a nié qu’il s’agissait d’un « document officiel – une déclaration qui a été démentie après que la lettre, portant le titre « Document officiel envoyé par la KFPCAI,” ait été rendue publique. Dans un autre retournement de situation, cette fédération de surveillance présumée officielle était encore inconnue avant d’envoyer ce document. Elle n’avait pas d’adresse de bureaux, et pas d’information de contact.

Cependant le document a été prise pour parole d’évangile par tous ceux qui l’ont reçu. C’était comme si quelqu’un bien plus grand, plus influent et puissant était en réalité derrière elle – quelqu’un avec une forte rancune contre JYJ. Et visiblement, l’avertissement a été pris en compte. La participation du groupe pop à la cérémonie sud-coréenne des Blue Dragon Film awards a été annulée. Leurs activités dans de nombreux talk-shows et émissions musicales étaient soit reportées soit annulées.

Les critiques disent que c’est un secret de polichinelle que la SM s’avère être derrière une longue liste de tentatives pour black-lister le groupe. Des visas ont été indéfiniment retardés pour un voyage aux USA qui visait à donner des mini-showcases pour promouvoir leur album, “The Beginning.” Les quatre showcases ont ensuite été donnés gratuitement, et ont rencontré un grand succès. Néanmoins, JYJ a travaillé avec détermination et a continué d’avancer. Aux Etats-Unis, ils ont collaboré avec Billboard Magazine et MTVKorea.

De retour en Corée du Sud, JYJ s’est embarquée pour une tournée complète. Le premier concert a eu lieu à Séoul en Novembre au Jamsil Olympic Stadium, pendant deux soirs, attirant au total 70 000 fans, dont beaucoup venaient du Japon. Ces concerts ont été suivis par d’autres en Thaïlande à Taiwan, en Chine puis en Amérique du Sud. Ils ont terminé avec deux autres concerts à guichet fermé en Corée du Sud pour terminer.

Ainsi, malgré la pression et le black-listing, JYJ a réussi à se développer, produisant en 2011 un album qui a remporté un franc succès international,“In Heaven”, se produisant dans plusieurs dramas à succès, et faisant une tournée de concerts en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique du Sud sous les acclamations. Au milieu de la pression que SM leur impose pour en faire un exemple à ne pas suivre aux yeux des autres artistes du label, ils ont prouvé qu’ils pouvaient réussir en ne se reposant que sur leur talent, leurs compétences et le soutien de leurs fans.

Le trio continue de faire des actions de charité et à jouer le rôle d’ambassadeurs pour leur pays pour diverses associations. Populaires au Japon, ils ont même donné un concert dont les bénéfices ont permis d’aider les victimes du tremblement de terre de Fukushima, qu’ils ont été forcé de tenir dans un endroit reculé du Japon parce qu’un partenaire d’affaires de SM, l’entreprise japonaise de divertissement AVEX a fait tout en leur pouvoir pour le bloquer, cette fois sans y parvenir. Les gens, les fans et les responsables de la ville voulaient que JYJ donnent leur concert. Et ils l’ont fait, devant environ 80 000 fans en deux jours.

Depuis le départ, il y a eu beaucoup de hauts et de bas. Mais un cadeau involontaire de départ qu’ils ont obtenu pendant leurs années à SM était la capacité de travailler aussi inlassablement que n’importe qui d’autre dans l’industrie musicale actuelle, avec un grand enthousiasme et une bonne humeur incessante. Leur talent en tant que chanteurs, acteurs et interprété, leur a toujours appartenu et leur appartient toujours. Les trois se sont fièrement déclarés coréens. Même face au black-listing, aux interdictions et au comportement dédaigneux des média et de l’industrie musicale sud-coréenne, ils continuent d’aimer et de représenter leur pays.

(L’auteur est un compositeur et producteur vivant aux Etats-Unis qui se sent concerné par la cause de la justice pour les artistes Sud-coréens.)


Source: Asia Sentinel
Traduction française: JYJ Francophone

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